jeudi 30 juillet 2009

Lever avant 5h, car d'apres ce que nous avons compris la veille, le bus repartira a 6h.
5h30, nous sommes devant la gare des bus... qui est fermee ! Attendons patiemment avec de vieilles Tibetaines l'ouverture des grilles. Nos compagnons de route arrivent un a un, nous nous saluons de grands sourires, et avec certains, de chaleureux "Hello!" (faut dire que nos conversation se limitent avec la plupart des gens a "hello"... les autres ne comprennent meme pas le mot !! et oui, c'est ca aussi la Chine !)
6h, le bus se met en route. Les nuages se levent peu a peu sur les montants de plus en plus escarpes. Traversons de jolis petits villages tibetains, maisons en bois, vieilles qui balaient devant leur seuil, les yaks qui partent pour le paturage, les hommes sur leur tracteur. Les noms sont ecrits en grand et en tibetain sur le versant oppose. Partout, des drapeaux a prieres, et de temps en temps, des tentes de montagnards nomades, des chortens tout blancs, de gigantesques moulins a prieres.
Nous arretons pour dejeuner dans une petite ville ou a lieu le marche de viande : sur les tables, des yaks en pieces detachees, et le boucher qui aiguise son couteau sur le mur de la maison. La tete de la pauvre bete git sur le sol, et les passants soulevent pour soupeser, puis redeposent.
Nous embarquons les derniers passagers, le bus est plein. A cote de moi, un gros moine tout souriant, qui chantonne la moitie du voyage. Le chauffeur passe des DVD de karaoke puis de series comiques... en noir et blanc... et tres fort !
La route devient de plus en plus escarpee. Malgre lui, notre chauffeur doit legerement ralentir. Les secousses se font de plus en plus forte, faut s'accrocher. Puis tout doucement, le bus devient silencieux. Les musiques des GSM s'arretent les unes apres les autres. Les gens se taisent, arretent de fumer.
Nous y voila.
Le clou du voyage.
Le col du Tro La, a plus de 6000m d'altitude. Les virages sont de plus en plus serres, la vue magnifique, la route impossible. A chaque tournant, nous voyons le vide se rapprocher dangereusement de nous. Et soudain, ca y est, nous le voyons, le chorten blanc couvert de drapeaux de prieres, qui flottent dans le vent glacial du sommet. Les passagers se levent, s'acclament, chantent, ouvrent les fenetres et jettent les faux-billets porte-bonheur achetes pour la cause !
Nous redescendons la montagne, le chauffeur en profite pour accelerer un coup, on danse encore plus sur nos sieges.
Route le long d'une riviere, puis, on n'y croyait plus, le bus s'arrete : Nous sommes a Dege ! Apres 10 heures de route (et 11 la veille), nous y sommes arrives !
Sortons du bus, craignant toujours de croiser un policier qui nous remettra dans le prochain bus pour Kangding... mais non, rien !
Trouvons une chambre dans un petit hotel en face de la gare des bus, un rien cracra, mais crevees comme nous le sommes, nous ne faisons pas les difficiles.
Premier tour dans cette petite ville qui a suscite tant d'emoi ! Super tibetaine, avec ses montagnards en costume, les pelerins et leur moulin a prieres, les moines qui jouent avec leur GSM (une vraie colonnie de vacances pour moinillons, dit O !!)... mais aussi ses militaires qui defilent en rue, avec leurs bouclier anti-emeute, matraque et mitraillette.
Testons l'internet local, mais apres deux coupures de courant alors meme qu'a chaque fois, je terminais mon long message, nous abondonnons, pour votre plus grand malheur ;-)
Soupons d'un bol de nouilles reconstituant, et bien epice, nous voici requinquees pour aborder notre premiere nuit dans le fin fond du Sichuan.